L’objectif de L’Union fait le Climat est de faire en sorte que les questions du climat et de la biodiversité soient au coeur de la campagne présidentielle. Cela passe bien entendu par une mobilisation des citoyens et la diffusion de proposition. Cela implique aussi de prendre le pouls régulièrement des enjeux et des propositions des principaux candidats. C’est le but de cette chronique.
Cette semaine, l’événement principal est la désignation de Valérie Pécresse comme candidate de LR – Les Républicains. Cette désignation fait suite à une campagne de quelques semaines marquée notamment par quatre débats entre les cinq prétendants. C’est peu dire que ces débats ont été dominés par les questions régaliennes, l’immigration et la sécurité. Dans ce contexte, l’écologie fut le parent pauvre des échanges. Ainsi, à la veille du dernier débat, le WWF appelait dans un tweet les candidats à s’intéresser un peu plus à la nature : « 10 SECONDES SUR 9 HEURES DE DEBATS. C’est le temps consacré par Les LR à la biodiversité. Face à l’effondrement du vivant, espérons que votre débat ce soir relèvera le niveau ! » Cause perdue.
Des débats vides sur les questions écologiques
La question du climat s’est limitée à des échanges sur l’avenir du mix énergétique, avec un consensus rapide sur la nécessité de relancer le programme nucléaire et des divergences sur le traitement à accorder aux éoliennes.
La désormais candidate LR se déclarait ainsi « résolument pour le nucléaire », soutenant le lancement de six EPR. Concernant les éoliennes, elle adoptait une attitude plus raisonnables que son adversaire Xavier Bertrand en proposant d’établir des « zones d’interdiction d’implantation des éoliennes » sans aller jusqu’à un moratoire général. Pour le reste, selon le média Novethic, spécialiste des questions de développement durable : « Les principaux axes de son programme sur le climat et l’énergie se résument à soutenir les objectifs environnementaux européens sans s’inscrire dans le Green Deal. Valérie Pécresse mise sur la taxe carbone aux frontières de l’Europe et propose de lancer un livret vert et d’interdire la vente des voitures à énergie thermique en 2040 pour atteindre la “neutralité carbone” en 2050. »
Lire l’article de Novethic —> https://www.novethic.fr/amp/actualite/politique/isr-rse/valerie-pecresse-candidate-de-la-droite-republicaine-a-une-petite-place-pour-l-environnement-150368.html
Une candidate qui défend une « écologie de progrès »
Une fois désignée par les militants LR, Valérie Pécresse a mentionné l’écologie dans sa première déclaration de victoire, vantant « l’écologie de progrès, destinée à produire plus et mieux ». Elle s’est aussi engagée à gagner les « batailles économiques, sociales et environnementales » sans préciser lesquelles.
Cette formulation est en ligne avec les précédentes interventions de la candidate LR sur ce sujet. Ainsi, le 31 octobre, pendant la COP26, elle écrivait : « Alors que débute la #COP26, il faut ré-industrialiser la France pour diminuer notre empreinte carbone. » Plus tôt, en août 2021, pendant sa campagne interne, elle avait publié une tribune dans le JDD dans laquelle elle défendait « une écologie d’espoir face à l’urgence climatique ».
Lire la tribune dans le JDD —> https://www.lejdd.fr/Politique/valerie-pecresse-defend-une-ecologie-despoir-face-a-lurgence-climatique-4061173.amp
On peut noter quelques citations clés de cette tribune :
Concrètement, cela ne dit pas grand chose des convictions de Valérie Pécresse sur la décarbonation de l’industrie, la fin des subventions aux fossiles ou encore sur la transformation agricole. Les seuls éléments précis concernaient de nouveau l’éolien, avec la volonté « d’associer les habitants en instaurant des zones de protection de nos paysages remarquables ou de nos zones de pêche », et la généralisation des « clauses de contenu carbone dans tous les contrats publics et privés pour favoriser nos circuits courts agricoles comme industriels ».
En synthèse, les déclarations de la candidate, pas plus que ses interventions pendant les débats, ne nous éclairent guère sur les intentions de Valérie Pécresse.
Un maigre bilan
Si les discours n’en disent pas long, reste alors à se pencher sur les réalisations, en l’occurrence pour Valérie Pécresse celle qu’elle a mené dans le cadre de la Présidence de la Région Ile de France.
En 2015, la candidate à la Présidence de la Région déclarait : « Nous voulons faire de notre région, la plus peuplée de France, poumon économique du pays, la région pionnière dans le monde pour la lutte contre le réchauffement climatique. » Ce n’est malheureusement pas ce que constate les associations et les Franciliens à la fin de son premier mandat.
Pour les ONG, il y a eu des efforts de modernisation des transports collectifs ou encore des incitations financières pour utiliser des voitures ou du chauffage moins polluants, il y a eu des avancées, notamment les vélos Véligo ou la prime pour l’achat d’un vélo électrique, mais au global le bilan est plus que mitigé. D’après une enquête publiée en mai par le Réseau Action Climat, l’European Climate Foundation et Harris Interactive, 54% des habitantes de la Région pensent que l’Île-de-France n’en fait pas assez pour répondre aux enjeux climatiques, contre 47 % en moyenne sur l’ensemble des régions.
Lire l’article de Reporterre —> https://reporterre.net/Valerie-Pecresse-et-l-ecologie-des-mots-pas-d-action
Lors de la campagne des Régionales 2020, la Présidente de la Région a donc remis le couvert. Elle a dévoilé 192 nouvelles propositions en faveur de l’écologie, promettant 10 milliards d’euros de dépenses dans ce domaine sur la période 2020-2024. C’est en misant sur « le progrès » et la pédagogie, et non sur des contraintes ou des interdictions, qu’elle estimait possible d’aboutir en 2050 à une région triplement exemplaire : « zéro émission nette » de carbone, « zéro artificialisation des sols », « zéro déchet ». On a un peu de mal à y croire.