Par Benoit DUBOIS, UFLC
Afin de respecter l’accord de Paris, adopté en décembre 2015 suite à la COP21, et le paquet énergie-climat adopté par le conseil de l’UE, la France s’est dotée d’une Stratégie Nationale Bas Carbone. Cette feuille de route donne un cadre afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES). De façon synthétique, il faut baisser annuellement nos émissions de 4% en tonnes équivalent CO2, à partir de 2020, afin de respecter nos engagements européens à l’horizon 2030 puis 2050.
Cette réduction des émissions de GES impose des efforts de sobriété et d’efficacité (meilleure isolation des logements, optimisation énergétique des process industriels, …) et en même temps de revoir notre mix énergétique afin de sortir des énergies fossiles (charbon, gaz & pétrole). Revoir notre mix énergétique impose à son tour de développer les sources d’énergie décarbonées (renouvelables et nucléaire) ce qui devient logiquement une priorité.
Afin d’organiser ce changement de mix, la France a développé sa Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) qui fixe, entre autres, des objectifs de production d’énergie (chaleur, électricité, …) selon les différentes sources. La PPE, instituée par la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, établit les priorités pour les dix années à venir, découpées en deux périodes de cinq ans. Pour la période 2018-2023, la PPE a été publiée en 2019. Pour la période 2023-2028, on attendait une proposition du gouvernement en 2023, qui aurait aussi donné une tendance sur les 5 années suivantes c’est-à-dire 2028-2033. Or la présentation du texte au Parlement semble reportée à mi-2024.
Il est très important d’avoir rapidement un cap et un cadre clairs sur les objectifs de production d’énergie selon les différentes sources d’énergie, afin de donner de la visibilité aux acteurs de chaque filière : éolien, solaire, gaz renouvelable, hydrogène décarboné, nucléaire, géothermie, récupération de chaleur, … Définir des objectifs chiffrés est essentiel pour entraîner des dynamiques rapides qui nous permettront de sortir à moyen terme des énergies fossiles.
Par exemple si l’on souhaite développer l’hydrogène décarboné, en se fondant sur les scénarios S2 et S3 du rapport « Transitions 2050 » de l’ADEME, le gouvernement anticipe une multiplication par 4 de la consommation d’hydrogène en France d’ici 30 ans. Les investissements industriels ne pourront se faire que s’il y a une visibilité forte sur les objectifs de production de cet hydrogène décarboné à l’horizon 2030, puis 2040 et enfin 2050.
En conclusion il est urgent que le gouvernement finalise les arbitrages de la nouvelle PPE pour une présentation rapide au Parlement, qui devra sortir du clivage stérile entre électricité nucléaire et électricité renouvelable (les deux étant décarbonées). Cette loi doit absolument définir des objectifs chiffrés et précis pour sortir des énergies fossiles et garantir la plus grande souveraineté énergétique possible de la France.
Date : 05/02/2024
Rédacteur : Benoit DUBOIS (UFLC)
Relecteurs : Damien MATHON et Frédéric MAILHOS (UFLC)